La passion de la transmission
Olivier Nimis est devenu le spécialiste incontournable des PME en Suisse. Remicom reçoit environ 2500 demandes par mois, uniquement de Suisse romande.
On parle de 90’000 entreprises à vendre dans les 5 prochaines années, mais la réalité est bien différente. Je pense que seulement 30’000 entreprises seront réellement à transmettre sur cette période. Or, ce chiffre est biaisé car il inclut le commerce de détail et les petites entreprises non transmissibles car 90% d’entre elles ont moins de cinq employés. Comme le patron est au four et au moulin, ce seront des sociétés plus difficiles à reprendre», analyse Olivier Nimis, le fondateur et CEO du groupe Remicom. Ce dernier vient de rouvrir des bureaux à Berne, Bâle et Zurich, même s’il a déjà bien assez à faire en Suisse romande. «Je suis en sous-effectif chronique».
Véritable défi
«On nous appelle quand c’est déjà tard, lorsque le patron a levé le pied», regrette Olivier Nimis. «Dans notre réseau, même si nous avons une société qui est en vente pour 80 millions de francs, le marché est constitué essentiellement de petites PME. Beaucoup d’entre elles souffrent du fait que les patrons n’ont pas pris le temps de préparer leur transmission. Et n’oublions pas que le plus gros problème en Suisse réside dans le financement», rappelle ce dernier.
Le dirigeant de Remicom affirme néanmoins qu’il s’attend à réaliser le double de transactions en 2025 qu'en 2024, c’est-à-dire une centaine. Pour ce faire, il est en train de doubler la taille de ses équipes pour arriver à 8 spécialistes dès 2025.
Remicom reçoit environ 2500 demandes par mois, rien qu’avec la Suisse romande. Il s’attend à en recevoir autant en Suisse alémanique dans les prochains mois. «Nous filtrons beaucoup. La moitié des personnes intéressées à reprendre une PME viennent de l’étranger, généralement de France. Mais dans ce pays, si l’on possède 200'000 euros, on peut facilement trouver un établissement bancaire pour obtenir un prêt de 800’000 euros. Ici, en Suisse, la banque ne prête rien», regrette le spécialiste.
Secteur médical recherché
Pour développer la transmission, Olivier Nimis entend relancer la société Credit Pro Facile, qu’il avait créée juste avant le Covid. Pour ce faire, il a recruté un ancien de Genilem. Actuellement, du côté des acheteurs suisses, Olivier Nimis relève la présence de grandes sociétés souhaitant faire de la croissance par acquisition, ainsi que des family offices et des fonds de placement. Mais ces acteurs visent généralement de grandes PME. «En 2023 et 2024, nous avons réussi pas mal de transactions dans le secteur médical. Parfois, nous parvenons à faire fusionner certains acteurs pour augmenter leur attractivité aux yeux des acquéreurs potentiels», révèle le quadragénaire. Alors que le temps moyen pour une transmission est de 18 mois environ, Remicom parvient en moyenne à 9 mois.
Favoriser l’anticipation
«Dans les entreprises, les patrons repoussent toujours l’échéance. Ils s’accrochent à ce qu’ils considèrent comme leur enfant. Nous, nous essayons de faire de l’anticipation. Comment? Il s’agit de leur proposer la meilleure solution, afin qu’ils prennent le temps de la digérer et ensuite nous pouvons agir.» Olivier Nimis en est convaincu: «Le marché est là. J’aimerais recruter davantage de spécialistes». Avis aux amateurs.