Zoom sur les façades
Responsable d’une grande partie des émissions de CO2 du bâti, l’enveloppe est un levier intéressant de décarbonation. Voici comment l’intégrer dans son projet immobilier.
En Suisse, les murs des bâtiments représenteraient près de 20% du potentiel photovoltaïque total. Devenues le reflet des enjeux climatiques, énergétiques mais aussi de performances actuelles, les façades sont au cœur des réflexions dans le domaine de la construction. Mais alors comment intégrer des panneaux solaires dans l’enveloppe de son bâtiment? Les connaissances sur le sujet étant peu développées aux yeux du grand public, le bureau d’ingénierie BIFF a organisé une conférence début octobre notamment autour de cette question.
Son directeur, Raul Corrales, a tout d’abord énuméré les trois technologies existantes en la matière: le verre transparent, le revêtement de façade (avec couleurs ou motifs comme chez Kromatix) et le verre semi-transparent. Des solutions amenées à se multiplier pour avoir l’impact architectural le plus minime possible mais qui sont déjà bien présentes sur le marché. Certaines affichant d’ailleurs une rentabilité supérieure à celle du photovoltaïque en toiture. Mais l’expert a conseillé de se fier à cinq critères pour étudier la prédisposition d’un bâtiment à l’intégration du solaire en façade: le lieu, la température, l’orientation, l’inclinaison et les ombrages.
Le cycle de vie des façades
Chloé Souque, cheffe de projet chez BG Ingénieurs Conseils a ensuite pris le relais pour aborder la thématique du réemploi des matériaux de construction dans les façades. Puisqu’il est possible de composer des murs à partir de panneaux solaires, pourquoi ne pas aller plus loin et repenser leur structure, leur composition, leur cycle de vie? Chloé Souque a insisté sur l’urgence d’agir: «L’enveloppe de notre parc immobilier suisse a évolué rapide- ment pour arriver à une optimisation énergétique de plus en plus efficace mais maintenant il est temps de se pencher sur l’énergie grise qu’elle produit, qui est également très émettrice de carbone.» Selon la spécialiste, une étude récente aurait analysé 16 façades différentes pour déterminer celle qui a le plus grand impact environnemental (la façade double-peau) et celle qui en a le moins (la façade profilée). Indispensable selon elle pour at- teindre le net 0 en 2050, cette stratégie de réemploi devrait donc être implémentée dans chaque projet dorénavant, peu importe ses dimensions. A titre d’exemple, l’équipe de BG Ingénieurs Conseils est justement en train d’identifier des options sur le site du Fairmont Grand Hotel Geneva (plus de 400 chambres, restaurant, spa, etc) pour réutiliser au moins une partie des 500 différents types de matériaux recensés sur place. La preuve que même le luxe et l’économie circulaire peuvent faire bon ménage.