Une Genevoise sous le feu des projecteurs
La conceptrice du théâtre de la Nouvelle Comédie, aux Eaux-Vives, a été récompensée lundi dernier par un prix français mettant en valeur les femmes architectes.

Pas moins de 150 convives se sont réunis lundi 6 décembre pour la 9e édition du Prix des femmes architectes au Pavillon de l'arsenal à Paris. Créé par l'Association pour la recherche sur la ville et l'habitat (ARVHA), ce prix vise année après année à mettre en lumière les profils féminins de la profession. «Dans les compétitions mixtes, ce sont majoritairement des hommes qui sont primés. Il n'y a qu'à prendre l'exemple international du Prix Prizker qui est l'équivalent du Prix Nobel d'architecture depuis 1979 et dont 93% des lauréats sont masculins», décrit Catherine Guyot, présidente de Women in Architecture FR et secrétaire général de l'ARVHA.
Le Prix des femmes architectes, qui ne possède pas d'équivalent en Suisse, contrairement à l'Angleterre, l'Espagne et, dès mars prochain, l'Autriche, a décerné cette année le Prix de l'œuvre originale à la cofondatrice de FRES architectes Genève, Sara Martin Camara, pour sa conception de la Nouvelle Comédie aux Eaux-Vives. Une récompense amplement méritée selon la présidente de Women in Architecture FR: «Cette œuvre a été sélectionnée à l'unanimité parmi les 79 candidatures à ce prix car le jury l'a considérée réellement exemplaire. » De son aspect urbain aux formes non prévues jusqu'au niveau de détail du béton coulé sur place, tout a été décortiqué par le jury de femmes qui a félicité ce «projet très complet» inauguré en dernier.

La distinction particulière
Une fierté pour cet architecte qui a étudié à Séville et travaillé à Rotterdam, avant de fonder FRES architectes en 2004 avec Laurent Gravier et ensuite de participer au concours de la Nouvelle Comédie en 2009. Egalement enseignante à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), Sara Martin Camara reçoit ce prix avec une très grande satisfaction, car bien que ce ne soit pas le premier,-ci représente beaucoup: «La Nouvelle
Comédie c'est une aventure humaine de douze ans et voir que cela suscite l'intérêt, tant dans le milieu de l'architecture que chez le grand public, est un honneur. C'est aussi encourageant de recevoir le soutien de la profession et cela redonne de la motivation pour persévérer dans notre démarche, car les femmes sont nombreuses dans les écoles d'architectures mais beaucoup moins à la direction des agences.»
Un projet à Renens
Mission accomplie donc pour la Nouvelle Comédie qui voulait à la fois un lieu de vie ouvert sur la ville, un lieu de travail fonctionnel, un lieu de création stimulante et enfin un lieu de représentation accueillant. « La découpe en skyline donne une identité au bâtiment et représente justement cette multiplicité d'usages. Ce caractère d'usine à spectacles a été déterminant lors de sa conception», précise l'architecte qui planche déjà sur un nouveau projet, le Quai-Ouest. Ce dernier qui se découpe en trois phases consiste en la création du pôle de la gare de Renens (VD), comprenant deux immeubles mixtes (logements, commerces et bureaux) ainsi que la rénovation de l'ancienne gare en bâtiment voyageur. La première étape ayant été livrée cette année, l'architecte pourrait prochainement voir son palmarès s'enrichir une nouvelle fois.
Le Prix des femmes architectes en chiffres
2013 : Première édition de ce concours basé à Paris.
1582 : Projets présentés lors de l’édition 2021.
482 : Candidatures examinées lors de l’édition 2021.
Quatre : Catégories en compétition, celle de Prix de la femme architecte primée, Prix de l’œuvre originale, Prix de la jeune femme architecte de moins de 40 ans et Prix international.