Un, deux, tri!
Tout le monde vous le dit, il faut faire du tri. Dans ses armoires, dans sa maison, dans son ordi (enfer) et dans sa tête (enfer aussi)!

Pendant que les gens s’écharpent sur les réseaux pour savoir si l’expression «tri sélectif» est un pléonasme ou pas (on a les soucis qu’on peut), vous, chez vous, vous trouvez que ce n’est plus possible. Il y a trop de tout. Il faut donc effectivement faire du tri. Et effectivement être sélectif. Alors prenons notre courage et nos sacs poubelle à deux mains et allons-y !
Vous vous souvenez de Marie Kondo, la papesse du rangement, qui a écrit des tas de livres sur le fait qu’il fallait se «désencombrer» et vivre avec trois T-Shirts et deux pantalons roulés et posés verticalement dans l’armoire, deux verres, deux assiettes, deux couverts, une table (et encore), un futon, un ordi et pour le reste, vivre en lotus sur un tapis de yoga et avoir une grande vie intérieure. Depuis, elle a eu des enfants, et vit désormais comme tout le monde, dans un gros bordel. Mais entretemps, elle aura réussi à vider les appartements de milliers de gens, et leur porte-monnaie aussi. Cela dit, il y a quelques conseils à prendre. Elle préconise entre autres de tout sortir et de tout mettre par terre devant soi. Comme ça on voit le tas, et on est horrifié, forcément. J’ai fait cela avec les vêtements et j’ai vu atterrir sur le parquet des choses dont je ne soupçonnais même plus l’existence, certains habits portaient même encore l’étiquette. Et pas la peine de se réjouir genre oh yaay un habit neuf! Depuis le temps, je ne rentre évidemment plus dedans, ou/et il est déjà démodé et il faut attendre une vingtaine d’années qu’il redevienne fashion compatible. Mais moi, dans une vingtaine d’années, j’aurai 80 ans et je risque de n’être plus fashion compatible du tout, haha. Ma règle perso en la matière est la suivante: pas porté depuis un an, direction Caritas et Centre Social Protestant. Mais il y a toujours les pensées parasites: ouais mais ça c’est un cadeau, ça c’est un doudou, ça c’était hyper cher, pour mettre ça je vais maigrir des bras (mon œil, quand on a les ailes de Batman c’est impossible). Bon, je garde quelques belles pièces qui me vont et camouflent ce qu’il faut, des basiques, deux-trois excentricités funky, des chaussures de sport, de ville et deux paires de ce qu’on appelle avec mes copines des fuck me boots, je vous laisse traduire.
Pour les livres c’est hem... plus compliqué. Le choix de Sophie. Les classiques on ne discute pas, je vais mourir avec. Les contemporains non mais oui c’est beau les brochés de chez Gallimard et autres. Les polars ok, quand on connaît la fin on ne les relit pas. Ils iront au sous-sol. J’ai aussi une armoire pleine de livres de psy... c’est vrai hein. Pas sûr que cela ait aidé à faire le tri dans mon cerveau, mais je n’arrive pas à m’en débarrasser. Même les livres de cuisine avec des recettes de pâtisseries pour lesquelles je n’ai même pas le matériel, je garde. Les photos sont jolies. On ne sait jamais. A la retraite, à moi les macarons de Pierre Hermé et les éclairs de Christophe Adam.
J’ai moins d’état d’âme avec les machines de cuisine qui bouffent de l’électricité et de la place. On peut presser, râper, couper à la main. No pasaran, trop fière d’être la Che Guevara du robot ménager. Autre domaine, vous allez tout de suite comprendre ma douleur, les produits dans la salle de bain. Je suis au savon solide depuis quelques années. Mais j’ai sorti tous les produits de maquillage, coiffure, épilation, ongles, crèmes, sprays, cotons, au secours. Non seulement j’ai acheté tout cela, mais en plus je mets ces trucs sur moi tous les jours ; ce ne serait peut-être pas plus cher d’envisager direct un lifting! Alors j’ai fait un petit tri, mais petit, j’ai surtout acheté des boîtes pour les ranger, pardon planquer. Ça se voit moins, mais je continue à espérer (l’espoir fait vivre) que cela se voie un peu sur moi.
Le pire du pire c’est ce qui vient maintenant. L’ordi. Voyez? Trier les photos. Trier les messages. Trier les documents. Tout ce qu’on a écrit depuis 37 ans. Passer tout son bureau qui était en local sur One Drive. Garder ce qui est important sur un disque dur. Ranger le disque dur dans un tiroir et constater qu’il y a 278’000 mille câbles et chargeurs dedans, dont la moitié ne sert à rien. Et péter...un câble, évidemment.
Marie Kondo dit qu’il faut parler avec chaque objet dont on se défait, le remercier d’avoir été là et lui dire au revoir. La pleine conscience rend l’exercice plus facile. Mmmoui, pour le livre qu’on a aimé ou pour le vieux vélo qui nous a bien servi ça se conçoit, pour chaque mail envoyé au spam, ça va être plus compliqué. Mais dites les spécialistes du rangement, on fait pareil quand on se débarrasse, par exemple et au hasard, d’un conjoint encombrant? Je plaisante. Quoique.