Quel avenir pour les cinémas?
Alors que Genève attend la réouverture des salles de cinéma Rex sises sous Confédération-Centre, force est de constater que le système en place favorise le système associatif au détriment des entrepreneurs.
Un constat tout d’abord: la diminution du nombre d’entrées dans les salles de cinéma est d’environ 30% par rapport à la moyenne de 2017-2019. Des chiffres qui s’expliquent bien évidemment par les restrictions dues au COVID-19. Après l’arrêt du soutien de l’État (via les indemnités pour perte de gains), l’exploitation d’une salle de ciné- ma constitue toujours plus un défi. A côté de cela, il existe de facto une situation de «concurrence déloyale», notamment à Genève, qui permet à certains cinémas de proposer l’entrée à des tarifs imbattables et non rentables pour un exploitant lambda. En effet, le réseau genevois de cinémas indépendants (Cinélux, City, Nord-Sud Scala) a bénéficié d’une remise à neuf de ses installations, de ses fauteuils, etc, offerte par la Ville de Genève, et d’autres mécènes. Ceci pour la modique somme de 7 millions de francs! Alors que dans le même temps, les autres exploitants doivent se débrouiller pour équilibrer leurs comptes.
Au final, le public se retrouve avec des billets qui sont au tarif unique de 10 francs la séance, avec le Ciné-Pass. Or, il faut savoir qu’un exploitant doit rendre au distributeur de film entre 30% et 50% de la recette, avec un minimum de 6,50 francs par entrée pour les distributeurs américains. Autrement dit, «les partis de gauche subventionnent tout un système associatif qui met en péril les entrepreneurs», comme nous le confie un observateur averti du secteur.
La recette Indiana Jones
Heureusement, certaines sorties qui avaient été repoussées arrivent enfin, ce qui devrait garantir de bonnes recettes à ceux qui vont les diffuser. On pense notamment au cinquième opus de la saga Indiana Jones qui sort le 28 juin en Suisse et qui devrait sauver l’été. Autre futur blockbuster attendu: Mission Impossible: Dead Reckoning, dont la sortie aux Etats-Unis est annoncée pour le 10 juillet. Il s’agit de la première partie, d’une durée de 2h45. La seconde partie est planifiée pour juin 2024. Ce phénomène de films en deux parties semble se généraliser, après Spiderman et Dune. A Lausanne, la situation n’est guère plus enviable. On y assiste à un monopole de fait de Pathé qui y exploite les huit salles des Galeries et le multiplexe de sept salles du Flon, soit près de 3000 places de cinéma. Autrement dit, avec la Cinémathèque suisse et la petite salle d’art & essai Bellevaux, il n’y a pas de concurrents. Autant dire que certains cinémas pourraient être amenés à fermer leurs portes, comme tant de prédécesseurs avant eux... Et ce n’est pas les succès du dernier Avatar ou de Super Mario Bros qui pourront changer la donne. Les salles situées dans des monuments historiques échapperont à la démolition, tels le Plaza ou l’Alhambra à Genève, mais sans que ces lieux renouent avec une programmation active de films tout public. Quant aux Rex, les six salles prévues sous le centre commercial urbain de Confédération-Centre devraient rouvrir, mais ce n’est pas certain. Rares sont les opérateurs prêts à relever le défi, et surtout pas à n’importe quel prix.
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