Quand le patron de Ragusa revient sur ses choix
Daniel Bloch raconte trois anecdotes tirées du quotidien de la célèbre manufacture de chocolats suisse Camille Bloch, basée à Courtelary. Telle la décision récente de planter leurs propres noisetiers en Géorgie. Récit.
À la suite de son brevet d’avocat, Daniel Bloch a travaillé dans l’industrie du papier, dans un cabinet d’avocats à New York. En 1994, il a rejoint la PME familiale, les Chocolats Camille Bloch. Il en a repris progressivement la responsabilité, de son père Rolf Bloch, après avoir obtenu un MBA à l’INSEAD de Fontainebleau. Depuis 2005, il est CEO et président du conseil d’administration de cette entreprise de famille, dont le siège est toujours à Courtelary (BE). À la tête de cette entreprise de 180 personnes, Daniel Bloch s’est récemment vu remettre le prestigieux prix de l’European Candy Kettle en présence du conseiller fédéral Guy Parmelin.
Les raisons d’écrire
«Avec "Grandir", je cherche à illustrer cet exercice d’équilibriste et à montrer comment une entreprise comme Camille Bloch sait rester vivante (...). Je raconte au travers de trois anecdotes liées à mon entreprise familiale, comment nous avons été confrontés à des décisions de fond et pourquoi nous n’avons pas choisi la voie du succès attendu, mais celle qui nécessitait en revanche un processus d’apprentissage spontané et collectif, et qui en fin de compte nous a fait grandir».
Le chocolat casher
La première histoire revient sur la production de chocolats casher. Le grand-père de Daniel Bloch avait commencé à produire du chocolat casher dans les années cinquante. Depuis lors, toutes les installations à Courtelary sont exclusivement réservées à cette production pendant trois semaines par an. Le fait que ce marché de niche n’offre aucune synergie avec d’autres marchés a bloqué le développement de ce créneau chez Camille Bloch. Il aura fallu attendre un quart de siècle pour que Daniel Bloch s’empare de la question, accepte de secouer la tradition pour développer de nouvelles recettes qui dopent les ventes du Ragusa casher. Désormais, celles-ci ont doublé.
Moins de sucre
Outre le succès des versions Ragusa Noir et Ragusa Blond, les portions de 25 grammes ont trouvé rapidement leur place alors que Rolf Bloch pensait que le marché du Ragusa en Suisse était saturé. Par ailleurs, le chanteur et entrepreneur touche-à-tout Dieter Meier avait titillé Daniel Bloch après avoir déclaré lors d’une assemblée de Chocosuisse: «Vous n’êtes pas des chocolatiers, vous êtes tous des marchands de sucre». Cela a poussé le CEO à tenter différentes expériences visant à augmenter la part de noisettes au détriment du sucre. De ces recherches est né le nouveau concept So Nuts Ragusa, puis So Nuts Torino et So Nuts Coffee.
Cultivateur de noisettes
Enfin, Daniel Bloch revient sur la genèse d’une idée: produire leurs propres noisettes pour se prémunir des fortes fluctuations de prix. Finalement, après moultes recherches, le choix s’est finalement porté sur la Géorgie, un pays qui est le 4e ou 5e producteur mondial, derrière la Turquie et l’Italie. «Nous avons dûment créé une société capable d’acquérir le terrain et trouvé une personne de confiance géorgienne pour en être le propriétaire, car il n’est pas possible d’acquérir des terres en Géorgie comme en Suisse». Les jeunes pousses ont été achetées en Allemagne en 2020. Bref, ce livre sort du cadre du simple livre de management et permet d’en apprendre beaucoup sur une belle PME romande. À découvrir.