Perspectives lumineuses pour le solaire
Fraîchement publié, le «Moniteur Solaire Suisse 2024» illustre (chiffres à l’appui) à quel point le photovoltaïque, autrefois produit de niche, s’est aujourd’hui transformé en source d’énergie importante pour le pays.
Premier du genre mais destiné à être mis à jour et publié désormais chaque année, le «Moniteur Solaire Suisse 2024» de la faîtière Swissolar vient tout juste de paraître. L’occasion pour la branche du photovoltaïque de faire le constat de son avancée sur le marché de la production d’électricité et d’évoquer son évolution future. En l’occurrence, plus personne ne peut douter à présent de la croissance inégalée de l’énergie solaire en Suisse. Comme le démontre le rapport, si celle-ci ne couvrait à peine qu’1% de la consommation de courant finale du pays en 2014, dix ans plus tard, elle devrait atteindre vraisemblablement les 11% d’ici la fin de l’année, lui conférant une importance systémique.
La loi comme tremplin
En passe de se positionner en tant que deuxième pilier de l’approvisionnement électrique suisse (derrière l’hydraulique), le photovoltaïque affiche également de bons résultats au regard du contexte international. Puisqu’en ce qui concerne la puissance installée par habitant, notre pays se plaçait au 10e rang mondial l’an dernier. Un classement d’autant plus remarquable qu’il a été décroché presque exclusivement grâce à des installations construites sur des bâtiments, sans grandes centrales au sol comme cela peut être le cas chez les leaders du domaine (Chine, États-Unis...). D’autant que le solaire helvétique n’a pas dit son dernier mot. Pour rappel, en juin dernier, près de 70% des citoyens ont adopté la nouvelle loi sur l’électricité qui vise des objectifs ambitieux. 35 térawattheures (TWh) d’électricité sont donc censés provenir de nouvelles sources renouvelables à la fin de la première étape en 2035, soit l’équivalent de 60% de notre consommation actuelle (alors que nos besoins en électricité continuent de croître). Autrement dit: sur dix ans, la production d’électricité solaire va devoir nécessairement se multiplier par quatre chaque année afin d’y parvenir.
Fléchir pour mieux rebondir
Mais malgré cet essor autant espéré qu’attendu, Swissolar prévoit un léger fléchissement de la croissance sur le marché pour 2025 et 2026. Du fait des incertitudes temporaires concernant les conditions-cadres de la nouvelle loi sur l’électricité, une certaine stagnation devrait en résulter. Néanmoins, la faîtière assure que ces réglementations déploieront leur effet complet à partir de 2027 et doperont la relance du marché. D’autant qu’avec les progrès technologiques en cours, le prix et la diversité des types d’installations photovoltaïques devraient permettre davantage d’applications, par exemple en façades, sur des infrastructures ou en combinaison avec des cultures agricoles. Autre facteur qui pourrait relancer le solaire d’ici 2035: le remplacement des installations déjà en place et peu à peu en fin de vie sur les toits.
Du côté du personnel qualifié, celui qui aura finalement la charge de mettre en oeuvre cette croissance, Swissolar se veut en fin de compte rassurant. Le secteur solaire qui employait 10’000 équivalents temps plein (ETP) en 2023 et qui devrait en réclamer 19’000 autour de 2035, semble enfin gérer cette demande. Et ce, grâce à une offre améliorée de la formation initiale et continue (180 apprentis ont démarré cet été leur CFC et des cours ont été conçus pour favoriser la reconversion professionnelle). En clair, les acteurs de la branche ont de quoi se réjouir et ne devraient pas s’ennuyer au cours de la prochaine décennie...