Article - Neuchâtel

Le Temple du Bas de Neuchâtel a retrouvé une jeunesse

En pleine ville de Neuchâtel, au cœur de la zone piétonne, le Temple du Bas vient de rouvrir ses portes après deux ans d’importants travaux de réaménagement. Cette cure de jouvence, votée par le Conseil général en 2016, renforce la vocation polyvalente du bâtiment et optimise les possibilités d’accueil. Gros plan.

Intérieur du Temple du Bas de Neuchâtel entièrement rénové
Le Temple du Bas de Neuchâtel a eu droit à une rénovation de premier ordre
diaporama

Un peu d’histoire

Il fut un temps où il fallait construire pour abriter les fidèles. Le Temple du Bas, originellement appelé Temple Neuf, fut érigé en 1695 parce que la Collégiale ne parvenait plus à accueillir les nombreux réformés pratiquants de Neuchâtel. Dix ans après la révocation de l’Édit de Nantes, la ville faisait alors face à un afflux de réfugiés huguenots. Près de trois siècles plus tard, en 1973, l’époque était plutôt au reflux des fidèles lorsque la décision fut prise d’aménager le temple en salle de musique, sans renoncer pour autant à sa vocation cultuelle

Polyvalence renforcée

Entreprise entre 2019 et 2021, la dernière transformation recherche avant tout l’harmonie sans bouleverser la donne. Confiée au bureau d’architectes Serge Grard, à la suite d’un appel d’offres et d’idées, elle renforce toutefois de manière significative la polyvalence de cet édifice. Mis à part le remplacement des fenêtres et des portes, les travaux extérieurs se sont limités à un nettoyage des façades, sans toucher à l’enveloppe de ce bâtiment emblématique de la cité, considéré comme un exemple d’architecture réformée. Le plus beau joyau du temple, son plafond en bois (d’origine), qui éclaire la salle de concert, a été entièrement nettoyé et restauré, de manière à mettre ses couleurs en valeur.

« Cette rénovation a parfois tenu de l’exercice de haute voltige, chacun jouant sa partition et faisant valoir ses besoins », note Serge Grard. L’architecte s’en est tenu à une ligne épurée et contrastée pour mettre en valeur l’ensemble des locaux, sur ses trois étages, des combles aux loges et aux sanitaires du sous-sol, en passant bien sûr par la salle de concert et le lieu de culte. Finalement, les attentes ont été comblées dans un esprit de coopération favorisé par l’institution d’une commission des utilisateurs, précise Sylvain Ghirardi, chef du Service de la cohésion sociale, chargé des infrastructures culturelles. L’édifice, et ce n’était pas la moindre des exigences, a été mis aux normes de protection contre l’incendie. Il a aussi fait l’objet d’un assainissement énergétique, qui se solde par une consommation réduite de 70%.

Sous-sol repensé

Le sous-sol du Temple du Bas requalifié offre dorénavant des possibilités d’utilisation accrues. Le foyer inférieur a été rendu totalement modulable, de manière à permettre la tenue de diverses manifestations telles des banquets, des assemblées, ou encore des conférences. Afin de mieux adapter les lieux à diverses activités, le mobilier est amovible. Dans ce sous-sol réaménagé, les loges des artistes ont gagné en confort et les locaux techniques répondent à toutes les exigences contemporaines.

Généreusement éclairé par des grappes de luminaires accrochées au plafond, l’espace d’accueil du public a été légèrement agrandi et peut recevoir des expositions temporaires. Un nouveau gradin automatique rétractable et télescopique, dédié aux chœurs, a été installé. Ce dispositif peut être déployé en quelques minutes par une seule personne, alors que le démontage exigeait auparavant l’intervention de plusieurs machinistes durant plusieurs heures. Les équipements permettent toujours de moduler la grandeur de la scène en fonction des spectacles.

Au terme des travaux, d’un coût de 6,5 millions de francs, le Temple du Bas trouve une nouvelle jeunesse, sans rien céder de ses qualités phoniques, ni de ses caractéristiques architecturales patrimoniales (édifice noté 2 sur 9 au recensement architectural, zéro représentant le niveau le plus élevé). Sitôt rouvert, sitôt pris d’assaut ! « Les réservations courent jusqu’à fin 2023 », relève Sylvain Ghirardi. De son côté, l’Église réformée évangélique neuchâteloise retrouve un lieu de culte prisé et un foyer inférieur parfaitement adapté à l’accueil de ses « Repas communautaires » ouverts à tous chaque mois.

par Jean-Bernard Vuillème