Restauration

Le manoir, chaînon manquant du Nyon historique

12.02.2024 à 14:16/ immobilier.ch News Genève - Vaud

En piteux état depuis des décennies, la maison d’habitation du XIIIe siècle s’offre une cure de jouvence. Pour mieux se transformer en pôle culturel.

La Fondation Guido Comba entend favoriser la pratique des arts dans le manoir rénové
La Fondation Guido Comba entend favoriser la pratique des arts dans le manoir rénové - Copyright (c) DR
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A Nyon, on a très rapidement compris que le passé de la ville devait être mis en lumière. Le Musée du Léman a ouvert en 1954, le Musée Romain en 1979 et le château du XIIe siècle était restauré en 2006. Cette zone historique devenue muséale possède toutefois un point noir: le Manoir. Cette bâtisse dont les premières fondations remontent au XIIIe siècle, voisine directe du fort médiéval et en bien mauvais état, faisait peine à voir et empêchait la place du Château de resplendir de mille feux.

Empêchait, donc, à l’imparfait, car bientôt le Manoir brillera lui aussi à nouveau. Sous l’égide de l’architecte spécialiste de la restauration d’édifices historiques Nicolas Delachaux, qui s’était d’ailleurs occupé du chantier du château, des travaux ont débuté il y a quelques mois. Avec une première étape: l’enveloppe extérieure et la toiture. «C’est un bâtiment très rare à Nyon, situé en plein cœur de la ville romaine et médiévale. Il n’y a pas eu d’interventions depuis très longtemps, si ce n’est l’ajout d’une salle de bain au XXe siècle. L’état délabré impliquait d’agir rapidement», détaille Nicolas Delachaux.

Les premières fondations du manoir datent d'il y a plus de sept sièclesdiaporama
Les premières fondations du manoir datent d'il y a plus de sept siècles

Après avoir été une maison d’habitation pour les nobles au Moyen Âge puis être devenu le logement de baillis bernois, le Manoir est passé en mains de la famille Comba au XXe siècle. Deux frères, Guido et Lorenzo en étaient les héritiers. Or, depuis la mort de Guido Comba, lui- même physicien et mélomane, l’hoirie n’avait su trouver de terrain d’entente pour offrir une cure de jouvence à l’édifice. Changement de cap en 2014 lorsqu’Ina Comba, veuve de Guido, rachetant les parts tierces, créait la Fondation Guido Comba, d’intérêt public et à but non-lucratif, lui donnant le Manoir. C’est cette même Ina Comba qui, au travers de la fondation, finance aujourd’hui la première phase de la restauration. «Le fait que la maison appartienne à une fondation est naturellement une bonne chose, commente Nicolas Delachaux. Cela nous permet de pratiquer une rénovation très respectueuse des matériaux utilisés à chaque époque. Si elle avait été rachetée par un privé, il y aurait certainement eu des exigences de confort entrant potentiellement en conflit avec l’histoire du lieu.»

Si le manoir avait été racheté par un privé, il y aurait certainement eu des exigences de confort entrant potentiellement en conflit avec l'histoire du lieu

Nicolas Delachaux, architecte

L’art et la culture

La fondation créée en 2014 s’est donnée pour but de promouvoir et développer l’art et la culture, en mémoire de Guido Comba. Ainsi donc, à terme, le Manoir de Nyon, qui devrait disposer de 1500 m de surface de plancher, deviendra un pôle culturel. S’il est assurément trop tôt pour connaître précisément les activités pressenties ainsi que le modèle d’affaire, Fabienne Freymond Cantone, vice-présidente de la Fondation Comba, esquisse quelques perspectives: «Il s’agira d’un lieu dédié à la pratique des arts et à l’accueil de publics divers, qui sera régulièrement ouvert à toutes et tous. Diverses réceptions pourront s’y tenir en intérieur comme dans les jardins.»

Les jardins, justement, sont particulièrement séduisants. D’une superficie de 2600 m2, ils longent les anciennes murailles, surplombant le Léman, et jouxtent... le Musée Romain. Chaînon manquant dans cette concentration de monuments historiques en plein centre de Nyon, le Manoir donnera bientôt à la cité fondée par les cavaliers vétérans des légions de Jules César un lustre inédit.