Le conflit Hodgers-Maudet, fil rouge de la Revue
Ce dernier bastion de la liberté d’expression touche en plein dans le mille avec ses sketchs joués et écrits par les talentueux Claude-Inga Barbey et Laurent Deshusses. A voir jusqu’au 31 décembre.
Malgré ses sièges en fin de vie, le Casino-Théâtre vibre encore. Le courage de Frédéric Hohl et le talent deLaurent Deshusses et de Claude-Inga Barbey y sont pour beaucoup. Certes, nous avons regretté l’absence d’un sketch décrivant la proximité entre l’ancienne conseillère d’Etat Fabienne Fischer et son conjoint Jean Rossiaud, mais dans l’ensemble, la cuvée de la 131e est une réussite.
«Personnes en situation féminine»
Il fallait oser: écrire sur la cohabitation forcément difficile entre Antonio Hodgers et Pierre Maudet, après la brillante réélection de ce dernier qui est restée en travers de la gorge du premier. La Revue s’y est attelée. On y voit ses collègues boycotter le «surdoué» de la politique genevoise joué par Marc Donnet- Monay. Puis les scénaristes en font leur fil rouge en tentant de décrire comment les familles Maudet et Hodgers ont difficilement cohabité depuis l’an 52 avant J.-C.. Ou encore quand la Revue revient sur l’appendicite qui a contraint Pierre Maudet à être brièvement hospitalisé et lorsque Antonio Hodgers lui rendit visite avec une boîte de chocolats Mon chéri et des fleurs...
Autre grand moment: le sketch intitulé «Le banquet urbain» avec le Conseil administratif de la Ville de Genève et la célébration du 1er août quasiment sans viande. On y découvre nos élus qui se forcent à avaler des mets peu ragoutants, avant de finir par les refiler à un malheureux SDF qui manque de s’étouffer avec. Sauf qu’une des élues prétend dialoguer avec un arbre, lequel aurait commandé des merguez... A découvrir.
L’épisode de la Comédie
Excellent traitement de l’épisode de l’annulation de la pièce «les Emigrants» à la Comédie de Genève dans lequel le metteur en scène Krystian Lupa n’aurait cessé d’insulter les équipes techniques. Une affaire qui aura coûté 900’000 francs et que la Revue épingle avec justesse grâce au talentueux Laurent Deshusses.
Toujours en matière de politique culturelle, le sketch intitulé «La Nuit au musée» séduit aussi. S’agit-il de politique fiction ou juste d’anticipation? Difficile à savoir, toujours est-il que le Musée d’art et d’histoire ne disposerait plus que de dix minutes d’ouverture au public et que les tableaux présentés n’y seraient plus signés... Sans doute l’un des plus applaudi.
Credit Suisse épinglé
Logiquement, les auteurs épinglent la grande banque. Marc Donnet-Monay s’amuse à lire l’épais rapport annuel du Credit Suisse sorti de presse quelques jours avant l’annonce du mariage forcé de la banque avec UBS. Puis avec humour Claude-Inga Barbey prend les traits de la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter qui finit par s’écrier: «Vous pouvez être fiers de vous car vous êtes de bons crétins.» Contrairement à la tentative inutile et, tout sauf drôle, de Marc Donnet-Monay d’analyser le conflit ukrainien.