Lang Lang en toute intimité

Vous avez commencé le piano très jeune et avez été rapidement reconnu comme un prodige. Quel a été le moment décisif dans votre parcours où vous vous êtes dit : « Je vais devenir pianiste professionnel » ?

Dès l'âge de cinq ans, j'ai su que je voulais devenir pianiste professionnel.

Vous parlez souvent des sacrifices que vous et votre famille avez faits pour votre carrière. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes musiciens et à leurs familles qui se trouvent dans une situation similaire aujourd'hui ?

Il y a eu des moments où j'ai envisagé de tout arrêter. Mais chaque jour, je réalise à quel point j'aime la musique, elle est essentielle pour moi. Sans elle, ma vie serait trop sombre. La musique m'a sauvé et m'a donné la force de continuer malgré les difficultés. Mon conseil aux jeunes musiciens est de s'accrocher à cette passion, elle peut les porter très loin.

Que pensez-vous de la place de la musique classique dans le monde d'aujourd'hui, et comment rapprocher les jeunes générations de cet art ?

Le plus important est de leur faire découvrir la musique classique. Beaucoup de jeunes n'ont pas l'opportunité d'apprendre la musique classique à l'école. Ceux qui ont eu cette chance ont souvent développé une appréciation et un respect pour cet art.

C'est justement l'un des objectifs de votre fondation ?

Oui, avec la Fondation Lang Lang, nous avons déployé des programmes de musique dans plus de 200 écoles à travers le monde. Notre but est d'intégrer la musique dans le cursus scolaire, car elle est d'une importance capitale.

En tant que figure publique et ambassadeur de la culture chinoise, ressentez-vous une responsabilité particulière ?

Je pense que tous les musiciens, quelle que soit leur origine, ont une responsabilité envers la société. La musique a le pouvoir de guérir et de rapprocher les gens, que ce soit en période de guerre ou de paix. Nous avons la mission de transmettre des émotions et de la joie.

Pouvez-vous décrire une journée type de travail ?

Je voyage beaucoup, mais j'essaie de consacrer au moins deux heures par jour au piano.

Vous êtes parfois considéré comme une « rock star » du piano. Comment vivez-vous cette image, surtout après avoir inauguré votre étoile sur Hollywood Boulevard ?

Sur scène, je me sens parfois comme une star, mais en dehors de la scène, j'aspire à une vie normale avec ma femme, mon fils et mes amis.

Quels musiciens ou compositeurs vous ont le plus inspiré dans votre parcours ?

Dans ma jeunesse, Vladimir Horowitz et Arthur Rubinstein m'ont énormément inspiré. Plus tard, des musiciens comme Daniel Barenboïm, Christoph Eschenbach, mon professeur américain Gary Graffman et Martha Argerich ont exercé une grande influence sur moi.

Y a-t-il une collaboration artistique qui vous a particulièrement marquée ?

Oui, celle avec le chef d'orchestre autrichien Nikolaus Harnoncourt, spécialiste de la période baroque et classique. Dans un registre différent, la collaboration avec le groupe Metallica m'a inspiré par leur incroyable énergie et surtout leur grande sensibilité. J'ai également adoré jouer avec le pianiste de jazz Herbie Hancock.

Pensez-vous que les musiciens classiques devraient collaborer davantage avec des artistes de musique pop ?

Pas forcément, sauf si cela apporte quelque chose de nouveau. Tout dépend des affinités personnelles. J'ai, par exemple, beaucoup aimé collaborer avec Pharrell Williams, Andrea Bocelli et Ed Sheeran, et jouer aux côtés d'artistes comme Lady Gaga et Alicia Keys, qui sont les deux, de grandes pianistes.

Vous êtes ambassadeur d'Hublot depuis dix ans. Regardez-vous l'heure quand vous performez ?

Jamais sur scène, mais j'ai besoin de ma montre pour mes cours et masterclasses.

Quel est le but ultime de votre vocation de pianiste ?

Pour moi, c'est très clair : atteindre le plus haut niveau de performance pour élever mon esprit et celui du public.