La plus vieille maison de... Moudon
La Maison de Rochefort compte tant pour ses qualités historiques qu’architecturales. Elle sert aujourd’hui d’écrin au Musée du Vieux-Moudon.
Située au sommet de la colline qui accueille la Ville Haute, la Maison de Rochefort marque le paysage de la ville vaudoise avec sa tourelle ornée d’une horloge. Les origines de ce bâtiment imposant remontent au XIIIe siècle. «Moudon se trouve alors à un carrefour stratégique et connaît différentes phases d’agrandissement», explique Monique Fontannaz, auteure d’un ouvrage consacré à Moudon publié par la Société d’histoire de l’art en Suisse. Au XIVe siècle, le terrain qui accueille aujourd’hui la maison comporte une boucherie appartenant à un chevalier dénommé Antoine de Vulliens. Vers le début du XVe siècle, c’est une «halle des merciers» qui est identifiée à cet emplacement dans les archives. Des arcades de grande taille, témoignant de ces usages commerciaux, font partie des vestiges qui ont subsisté à travers le temps. Au cours du XVIe siècle, les différentes parties situées sur cette parcelle sont acquises par la famille Cerjat, qui procédera aux
modifications donnant sa forme actuelle à l’édifice.
La tourelle d’escalier ainsi qu’une nouvelle entrée plus spacieuse, «des aménagements de très belle facture, typiques de cette époque», sont créées à ce moment-là. «Les décors peints qui ornent les parois, dont une scène de la Genèse, rare en terre devenue protestante, sont également d’une grande qualité et témoignent du statut proéminent des Cerjat», commente l'historienne.
C’est un autre membre de cette famille, Nicolas, propriétaire entre 1659 et 1672, qui va donner son nom à la maison, dérivé d’un fief familial situé à proximité d’Aubonne. Son frère Jean-Melchior procède à d’autres transformations. La Maison de Rochefort va ensuite faire partie d’une seule et même propriété, incluant la maison seigneuriale voisine, dite de «Denezy». Elle perd durant cette période son caractère résidentiel, avec l’ajout d’un étage servant de grenier, tandis qu’une de ses salles sera consacrée aux réunions de la paroisse allemande.
Une horloge au sommet
Vers 1730, la tourelle est rehaussée d’une partie en charpente, pour pouvoir y installer une horloge. Cet ouvrage remplace le clocher qui seul subsistait de l’église médiévale voisine et qui menaçait de tomber en ruine. Un autre élément remarquable peut être observé au niveau de la fontaine située devant la Maison de Rochefort, datant du XVIe siècle: elle intègre une statue de Moïse portant les tables de la Loi. «C’est une représentation extrême-ment rare parmi les fontaines de Suisse, souligne Monique Fontannaz. Il pourrait s’agir d’une référence au fait que Moudon a été un important centre administratif et judiciaire à partir du XIIIe siècle, en tant que capitale du Pays de Vaud savoyard.»
À partir du début du XIXe siècle, l’édifice revêt une fonction toujours plus utilitaire. Vers 1837, l’architecte Henri Perregaux y réalise des aménagements afin que les tribunaux de justice pénale puissent s’en servir comme salle provisoire. Plus tard, la maison abrite une brasserie et une vinaigrerie. En 1933, la commune achète la propriété, qui sera mise à disposition du Musée du Vieux-Moudon dès 1950. L’institution accueille aujourd’hui une exposition permanente retraçant l’histoire de la ville à travers des objets de différentes époques. Elle raconte son importance au Moyen-Âge, avec notamment une représentation au XVe siècle sous forme de maquette. Le musée organise également chaque année une expo thématique en lien avec la région. La dernière en date est à découvrir jusqu’au 29 octobre 2023. Baptisée «À toute vapeur», elle raconte 147 ans d’histoire du chemin de fer de la Broye à travers des documents d’archives, des clichés photographiques et des pièces de collection. Un cycle de conférences accompagne l’événement. La première d’entre elles, «Moudon: du char à bœufs au cheval-vapeur», aura lieu le mercredi 14 juin à 19h. On trouve toutes les informations sur le site du musée : www.vieux-moudon.ch