La banque Reyl Intesa Sanpaolo s'est installée dans une ancienne maison de maître
Telle une oasis suspendue au milieu du passage des Lions, le nouveau siège social de la banque genevoise se veut minimaliste et convivial.
Alors que de nombreux établissements bancaires ont quitté ou sont sur le point de quitter le centre de la Cité de Calvin pour s’installer en périphérie, la banque REYL, a contrario, a fait le choix de s’ancrer sur l’artère la plus chic de Genève. En effet, c’est au numéro 4 de la rue du Rhône que l’établissement bancaire a pris ses quartiers le 11 avril dernier. Le bâtiment protégé datant du début du XXe siècle construit par l’architecte Adrien Peyrot (1856-1918) pour le vicomte et juriste français Gabriel de Fontarce était détenu depuis des décennies par l’entreprise familiale Aeschbach. Le chausseur en avait fait son navire amiral avant de le vendre en 2019 pour environ 100 millions de francs à la famille Bahadourian. Les propriétaires de l’enseigne Grand Frais revendront rapidement l’immeuble à un investisseur russe établi à Genève.
Aujourd’hui, cet édifice de maître situé à l’angle du passage des Lions – dont la verrière est la plus grande de Suisse – a été remodelé pour devenir le nouveau siège social de la banque REYL. Disposant de 3144 m2, il accueille 123 collaborateurs du département «front» de la banque. «Nous souhaitions être dans l’hypercentre de la ville, un peu à contre-courant, car nous pensions que nos clients particuliers et entreprises, mais aussi nos collaborateurs et collaboratrices, apprécieraient cette commodité», commente le CEO, François Reyl.
Trois entreprises genevoises ont eu la lourde tâche de relever le défi de la restauration, de l’aménagement et de la décoration des espaces. Il s’agit de l’architecte Philippe Duc, de PHD Concept, du bureau Favre & Guth, et de Coraline Fringhian, fondatrice de la société Semaj. «L’idée n’était pas d’en faire un endroit ostentatoire, mais plutôt d’en faire un espace de travail zen et épuré», explique cette dernière. Exit, ainsi, le côté bling-bling ou quelquefois un peu rétro de certains établissements financiers helvétiques. «Notre ligne conductrice a été de fusionner l’artisanat ancien et le design contemporain afin d’obtenir une élégance durable», ajoute la Genevoise qui a été mandatée par la banque pour concevoir le design, la décoration et l’architecture d’intérieur des espaces de réception. «Notre nouveau siège est sobre, élégant, lumineux avec une touche zen, se réjouit François Reyl. Nous l’avons doté de matériaux nobles tout en lui permettant d’accueillir la technologie complexe requise par une banque moderne.»
Les challenges de la restauration
Cela n’a toutefois pas été facile de rénover ce bâtiment classé. Il a fallu premièrement préserver la substance historique des lieux tout en améliorant l’efficacité énergétique du bâtiment. L’une des tâches a été d’excaver le sous-sol pour recevoir les techniques de pompage de l’eau du lac pour le rafraîchissement et le chauffage. «Au niveau logistique, cela a aussi été très compliqué, souligne l’architecte Philippe Duc. Il a fallu coordonner les évacuations et l’acheminement de matériaux dans un environnement très limité et sur un axe routier très fréquenté sans entraver l’exploitation des commerces environnants.» Et tout cela en un temps record : douze mois pour l’obtention de l’autorisation et quinze mois pour l’exécution incluant l’emménagement de la banque. Le résultat est toutefois spectaculaire. Il a permis de restituer un socle prestigieux au bâtiment en réhabilitant les pierres naturelles et les vitrines au niveau du rez-de-chaussée et du 1er étage. La substance historique a ainsi été préservée, tout en offrant aujourd’hui des espaces modernes, contemporains et agréables à vivre.
Un hall d'entrée majestueux
Autre fierté de l’équipe : l’aménagement du hall d’entrée dont les dimensions disproportionnées ont constitué un véritable défi. En effet, avec ses 8 mètres de hauteur, son étroitesse et sa longueur, il donnait l’occasion rêvée de créer une entrée atypique. Coraline Fringhian s’est ainsi associée avec l’entreprise italienne Salvatori experte dans le traitement de la pierre traditionnelle pour en faire une entrée spectaculaire, chaleureuse mais pas clinquante. On y trouve beaucoup de marbre sur les murs mais également au sol où des planches en chevron rappellent les classiques planchers en bois utilisés dans les nobles maisons de maître. Au plafond, une centaine de lampes en marbre tombent telles des gouttes de pluie créant l’effet d’une vague. La nature a, en effet, été le fil rouge de la décoration du bâtiment. L’accent a ainsi été mis sur des couleurs très terriennes avec des touches de vert. La végétalisation s’invite un peu partout, notamment dans la vue des escaliers de la tourelle, tout comme sur la terrasse donnant sur la grande verrière du passage des Lions. Autre originalité : les salons de réception portent tous le nom d’un fleuve, car ces derniers «permettent de rendre les frontières irrelevantes, contribuent aux échanges et favorisent les liens de commerce», poursuit Coraline Fringhian. Tout ce dont la banque aspire, au fond.