Genève

La 132e Revue séduit

Même si parfois la poésie et l’ambiance de cabaret-théâtre l’emporte sur la satire, cette nouvelle édition est dirigée de main de maître par Claude-Inga Barbey et Laurent Deshusses. A voir et à revoir.

La Revue genevoise se produit jusqu’au 31 décembre 2024 au Casino-Théâtre
La Revue genevoise se produit jusqu’au 31 décembre 2024 au Casino-Théâtre - Copyright (c) DR
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Avec cette idée forte d’un paquebot qui part en croisière, les trois metteurs en scène (Claude-Inga Barbey, Laurent Deshusses et Pierric Tenthorey) ont réussi le pari de renouveler la Revue genevoise. Voilà pourquoi Gérard Depardieu (brillamment interprété par Laurent Deshusses) se retrouve embarqué dans cette galère... Engagé par le capitaine pour diverses tâches d’entretien, celui qui fut jadis célèbre se retrouve en train de nettoyer les cheminées... Et de croiser le reste de l’équipage, dont Claude-Inga Barbey qui enchaîne les «easy les coconuts» avant qu’on lui signale que l’on ne dit plus «transat, mais chaise longue non binaire».

Le barman et la mouette

La poésie s’invite dans ce cabaret-théâtre flottant, à l’image de Christian Savary, barman alcoolisé, qui va échanger à diverses reprises avec une mouette. Ou bien lorsque l’on peut admirer une danse des squelettes, si subtile et dépouillée qu’elle en devient magique. Au chapitre des sketchs, on nage en plein délire avec le Mollah Molard joué par Jean-Philippe Meyer, lequel propose de creuser gratuitement pour réaliser le futur collisionneur du CERN et en échange de pouvoir emmener Céline Amaudruz. Une proposition que refuse Antonio Hodgers, très présent dans cette 132e édition de la revue, au même titre que la conseillère administrative verte Françoise Perler, harponnée à plusieurs reprises pour son népotisme, tout comme Christian Brunier, l’ex-directeur général des SIG. Des sketchs qui nous avaient manqué lors de la 131e édition, tout comme la présence du désormais journaliste star de Léman Bleu, Jérémy Seydoux, qui lève régulièrement des lièvres.

Un rêve extraordinaire

Antonio Hodgers est au centre du sketch intitulé «Et au milieu coule la rivière », qui marque la fin de la première partie. Ce sketch ne se tient exceptionnellement pas sur le paquebot puisqu’il s’agit de l’inauguration de la remise à ciel ouvert de la Drize dans le PAV (la zone allant de la Praille, les Acacias en passant par les Vernets). Il y explique en trois points son programme à un public d’insectes: du pollen, du pollen et du pollen. Les applaudissements pleuvent. Et le magistrat vert de conclure: «J’ai fait un rêve extraordinaire, les Genevois me traitaient de visionnaire».

Séduction à la carte

La seconde partie n’est pas triste non plus. Tout d’abord avec le «Harcèle-moi!» joué avec le talent qu’on lui connait par Claude-Inga Barbey: «Le dernier qui a flashé sur moi c’était un radar». La séduction est au menu puisqu’ensuite se déroule l’un des passages les plus appréciés du public. On assiste à un dîner où deux couples occupent la salle à manger du navire, et où les metteurs en scène font alterner avec un rythme soutenu les échanges au sein du couple de jeunes (les excellents Gloria Grossrieder et Nelson Duborgel) et ceux du couple de quinquagénaires (Jade Amstel et Christian Savary). Des dialogues aux antipodes. Poésie toujours, teintée d’une grosse dose de talent, avec la comédienne et meneuse de revue Virginia Sirolli. Cette Genevoise parvient à subjuguer l’audience avec sa voix notamment avec la reprise du tube de Nemo, The Code, adaptée par Nicolas Hafner pour coller aux fruits de mer. Et n’oublions pas de féliciter le tandem qui crée les costumes, Jef Castaing et Giulia Muniz. Rien que la fabrication des plus de 150 costumes prend environ 8 semaines!