Immobilier

L'innovation à tout prix

De nos jours, innover semble être un prérequis mais n’oublions pas que ces technologies amènent également leur lot de risques. Un panel d’experts rappelle les bonnes pratiques pour s’initier.

Certaines solutions technologiques ont su s’installer plus durablement
Certaines solutions technologiques ont su s’installer plus durablement - Copyright (c) Freepik
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Aujourd’hui, deux entreprises sur trois de l’immobilier suisse utilisent plus d’1% de leur chiffre d’affaires annuel dans l’innovation et la digitalisation. Des investissements qui se montent à 1 milliard de francs par an rien que pour la branche. Autant dire que la course au numérique est lancée. Si certaines des solutions technologiques n’ont fait qu’une brève apparition, telles que les casques à réalité augmentée (visites virtuelles) ou les NFT (appartements dans le métavers), d’autres ont su s’installer plus durablment: à l’image des maquettes numériques BIM ou de l’intelligence artificielle générative (ChatGPT par exemple).

Le côté obscur de l’IAGen

De peur de passer à côté d’une opportunité ou de «rater un tournant décisif», les acteurs de l’immobilier sont donc déjà nombreux à s’être jetés à l’eau. Et parfois sans trop savoir ce dont il s’agissait réellement. Dimitri Percia David, professeur associé en science des données et apprentissage machine de la HES-SO Valais-Wallis, s’est attelé lors de la 8e édition du Digital Real Estate Summit (organisé mi-septembre par la SVIT School), à démontrer les risques liés à ces nouveaux outils. «Il y a là un dilemme entre innovation et responsabilité dont il faut être conscient», assure l’expert. Parmi les dangers encourus lorsque l’on déploie l’IAGen dans son activité, on retrouve entre autres, les problèmes de sécurité, d’éthique, de fuite des données privées. Ces modèles n’ont d’ailleurs pas de factualité (ils connectent simplement les données ensemble) et pas de raisonnement (les relations de cause à effet sont une capacité humaine). En revanche, ils disposent d’une faible capacité d’attention et ne connaissent que ce qu’ils ont appris (les fake news qui vont avec), tout en étant totalement dépendants de leur utilisateur car ils servent à augmenter notre efficience mais pas à nous remplacer (pour le moment).

Débuter doucement mais sûrement

Alors avant de se projeter dans de grandes transformations numériques, Julien Schiess, spécialiste du domaine et second intervenant au Digital Real Estate Summit, prodigue quelques conseils: «On peut commencer par des petits changements. Des investissements légers sur ChatGPT qui nous soulagent d’une charge mentale et nous permettent de ne plus jamais avoir l’angoisse de la page blanche ou de grilles Excel vides.» De quoi économiser jusqu’à 10% de son temps selon ses estimations. Deux choses sont néanmoins importantes à garder en tête. «Tout d’abord, il faut voir l’IAGen comme un stagiaire, donc un employé intelligent mais dont il faut contrôler tout ce qu’il en sort», indique Julien Schiess. En outre, il est recommandé de se poser les trois mêmes questions à chaque résultat (Données personnelles? Données confidentielles? Résultat fiable?). Une fois cette habitude intégrée, nulle crainte à avoir, la vigilance est de mise mais ne pas hésiter à passer à l’outil suivant.