Egalité des salaires et des chances - Genève

JTI, l'entreprise où il fait bon travailler

Japan Tobacco International est devenue l’une des premières multinationales à recevoir la nouvelle certification «Global Equality Standard» du cabinet d’audit EY. Elle récompense les récentes initiatives mises en place par le groupe afin d’améliorer le bien-être, la diversité et l’inclusion.

Christiane Bisanzio, vice-présidente du département People and Culture, JTI, Genève et Arun Batra, CEO et fondateur du Global Equality Standard d’EY
Christiane Bisanzio, vice-présidente du département People and Culture, JTI, Genève et Arun Batra, CEO et fondateur du Global Equality Standard d’EY - Copyright (c) LDD
diaporama

La Suisse est mondialement réputée pour sa stabilité politique, son faible taux de chômage et sa qualité de vie élevée. Hélas, en matière d’égalité salariale entre hommes et femmes, elle est à la traine derrière le reste de l’Europe. Jugez plutôt: selon un rapport de la Commission européenne intitulé «Paytransparency in the EU», dix pays européens ont mis en œuvre au moins une des quatre mesures «fondamentales» en faveur de l’égalité salariale (droit des salariés à être informés sur les rémunérations, obligation de rapport concernant les rémunérations de la part de l'employeur, obligation d’audit, négociations collectives prévoyant l’égalité de rémunération).

Aucune mesure contraignante en Suisse

Le Royaume-Uni s’est par exemple doté de mécanismes de notification rigoureux. De son côté, l’Islande a établi une norme d’égalité salariale révolutionnaire. La France classe les entreprises selon l’indice d’égalité entre les genres. Il y a quelques semaines, l’Espagne a adopté deux lois imposant aux entreprises l’obligation d’auditer leurs structures salariales. De son côté, la Suisse n’est dotée d’aucune mesure coercitive, malgré les efforts consentis pour améliorer la situation. Pour rappel, depuis le 1er juillet 2020, les entreprises de plus de 100 employés doivent procéder à l’interne à une analyse de l’égalité des salaires. Si ces nouvelles mesures représentent un pas dans la bonne direction, elles restent toutefois très insuffisantes. D’une part, car elles ne concernent que 0,9% des entreprises, qui emploient 46% des travailleurs. D’autre part, car elles ne sont pas contraignantes. En effet, les employeurs qui ont de bonnes pratiques salariales sont dispensés à vie d’une analyse supplémentaire. Or, l’architecture salariale d’une entreprise change tous les jours... S’agissant des organisations où une inégalité salariale inexpliquée est dé- couverte, elles sont tenues de répéter l’analyse dans un délai de quatre ans, un délai inexplicablement long. Enfin, en cas de non-conformité à la loi, les employeurs n’encourent aucune sanction en dehors d’un dommage en rapport à sa réputation.

Rappelons encore qu’en Suisse, les femmes gagnent en moyenne 20% de moins que les hommes par heure. Contrairement aux idées reçues, l’écart se creuse au premier emploi, dès l’entrée sur le marché du travail. Ainsi, même en tenant compte des caractéristiques objectives (ancienneté, secteur, statut professionnel), les experts trouvent une différence de salaire inexpliquée de 7 à 8%. Exprimé en termes simples, cela signifie que les femmes, avec ou sans enfant, travaillent gratuitement jusqu’au 22 février pour les mêmes attributs productifs.

Diversité et inclusion: des valeurs-clés pour JTI

Cet état des lieux est décourageant. Aussi, c’est avec un enthousiasme non dissimulé que l’on observe les entreprises qui décident, de leur propre initiative, de prendre des résolutions fermes pour promouvoir l’égalité des sexes mais aussi pour lutter contre toutes les formes de discrimination et d’exclusion (handicap, orientation sexuelle, etc.). Parmi celles-ci figure Japan Tobacco International (JTI), l’une des premières multinationales à recevoir, en novembre, la nouvelle certification «Global Equality Standard» du cabinet d’audit EY. JTI est actif sur plusieurs fronts. «Nos priorités sont l’égalité des chances et des genres, l’inclusivité, l’intégration des LGBT+, ainsi que le bien-être et la santé mentale, détaille Christiane Bisanzio, vice-présidente du département People and Culture. Depuis le 1er janvier 2021, l’ensemble des salariés du groupe, par- tout dans le monde, bénéficie de 20 semaines de congés entièrement rémunérés au moment d’accueillir leur enfant. «C’est notre plus grand succès, s’enthousiasme celle qui a été nommée trois années consécutives au top 50 des leaders de la Global Diversity List par l’hebdomadaire «The Economist». Tout parent – père, mère, quelle que soit l’orientation sexuelle et la manière de donner naissance (adoption, mère porteuse) – bénéfice de ce congé. Par la suite, nous disposons d’une crèche d’entreprise, Origami. Nous avons aussi instauré des mesures de travail flexible qui donnent la possibilité de travailler en remote à 50%.»

A titre de comparaison, si l’on s’en tient au droit fédéral, seules les mères qui exercent une activité lucrative ont droit à un congé rémunéré d’au moins 14 semaines, payé à 80%. Les pères actifs, eux, doivent se contenter de deux semaines depuis le 1er janvier 2021 (auparavant, à la naissance de leur enfant, les hommes pouvait demander un jour de «congé usuel», comme lors d’un déménagement).

Féminisation des organes décisionnels

Depuis 2018, le siège de l’entreprise est également certifié «Equal Pay» par la Fondation Equal-Salary pour sa politique d’équité et d’égalité des chances envers les femmes et les hommes. «Le salaire équitable n’est qu’une composante du problème, analyse Christiane Bisanzio. Au-delà de cet aspect, il est fondamental de promouvoir une culture méritocratique, qui offre l’égalité des chances. Si les opportunités sont équitables, si la représentation des femmes aux postes de direction augmente, les salaires suivront et les écarts se réduiront.» Notons enfin que chez JTI l’égalité des opportunités est soutenue en interne grâce à de nombreux programmes créés par et pour les salariés et dont le but est de veiller au traitement équitable de tous ainsi qu’au respect de la diversité. «A travers toutes ces initiatives, nous espérons vivement établir un nouveau benchmark en matière d’équité et d’inclusivité et motiver d’autres entreprises à mettre en œuvre leurs propres mesures», conclut Christiane Bisanzio.