"Je souhaite transmettre l'entreprise un jour à une quatrième génération"
Elie Bernheim, à la tête du groupe familial Raymond Weil, est ravi d’avoir rejoint l’aventure 2024 de Watches & Wonders après avoir été lauréat du dernier Grand Prix d’Horlogerie de Genève. Interview.
Le 14 avril 2014, Elie Bernheim succédait à l’âge de 33 ans à son père, Olivier. Rappelons que la société horlogère genevoise Raymond Weil avait été fondée par le beau-père d’Olivier Bernheim en 1976. L’occasion de revenir sur les dix premières années en tant que CEO vécues par le petit-fils du fondateur et sur la première participation du groupe Raymond Weil au salon Watches & Wonders, après avoir été un pilier de Baselworld.
Quelle est votre analyse à chaud de la première participation de Raymond Weil au salon Watches & Wonders ?
J’ai été très impressionné par l’organisation professionnelle. Ce salon parvient à trouver un joli équilibre entre les différentes marques. Et pour le rayonnement de notre industrie et pour celui de Genève, c’est fantastique. Nous avons raté la première édition à cause du Covid. Mais je constate que les gens veulent se rencontrer malgré tout. Cela crée, par ailleurs, une saine émulation. La technologie n’a pas remplacé les contacts humains. Il faut pouvoir toucher le produit. Nous avons emmené l’ensemble de nos 60 collaborateurs basés en Suisse (sur un total de 120 dans le monde) au salon.
Et comment s’est déroulé le salon pour votre marque ?
Nous avons vu énormément de monde. C’était une belle foire, avec de belles prises de commandes. Notre collection Millesime a, par exemple, beaucoup plu aux marchés français et italien.
De quoi marquer en beauté la dixième année de votre arrivée au poste de CEO…
C’est exact. Mon contrat a débuté le 14 avril 2014. Si ma barbe est désormais poivre et sel, c’est que le Covid est passé par là. Dans ces moments-là, on apprend énormément, car on se retrouve vite esseulé dans la prise de décision. Ma volonté a été de protéger le personnel. Je suis dans un temps long. Je souhaite pouvoir transmettre l’entreprise un jour à une quatrième génération, que ce soient mes enfants ou mes neveux. Heureusement, j’avais entamé le virage digital en 2017-2018 à New-York. Cela nous a beaucoup aidé. Aujourd’hui, nous écoulons 20% de notre production par ce canal. Nous rencontrons un tel succès, principalement, grâce à la collection Millesime, celle-là même qui nous a permis de gagner le prix Challenge lors du Grand Prix d’Horlogerie de Genève l’an passé.
La relative faiblesse du dollar par rapport au franc vous complique-t-elle la tâche ?
Le marché américain représente 35% de vos ventes. J’observe au contraire que la croissance sur ce marché est présente. L’économie américaine tourne bien et nous en bénéficions, a contrario de certaines marques fortement implantées en Chine. Nous avions investi sur le marché indien et nous en retirons aujourd’hui de grandes satisfactions.
Qu’en est-il du marché japonais, sur lequel vous nous disiez en 2016 vouloir réinvestir ?
Nous l’avons fait. Nous ne pouvions pas investir et soutenir notre marque familiale à la fois en Chine et au Japon. Nous avons opté pour ce magnifique marché insulaire où les investissements sont plus facilement maîtrisables. Grâce à notre distributeur local, nous y avons actuellement 45 points de vente et visons les 60 d’ici la fin de l’année.
Continuez-vous à vous concentrer sur un certain nombre de marchés et un nombre plus limité de références ?
Nous produisons environ 80'000 montres par année avec désormais quatre collections au lieu de sept. Et au sein de ces collections, notre volonté est de réduire encore pour se concentrer sur les références clés. Dans le fond, les consommateurs se retrouvent sur des marqueurs. Les séries limitées s’insèrent également dans ces collections.
Et qu'en est-il de vos autres passions, à commencer par la restauration et l'écriture?
Je garde un petit pied dans la restauration, jusqu’à y passer un certain temps. Et je suis justement en train d’écrire mon second roman, dans lequel je parle de gastronomie.