Inauguration chez l'inventeur du champagne
Ruinart, la maison à qui le monde doit le vin à bulles, baptisé champagne, a levé le rideau à Reims sur son exploit 2024 : nouveau pavillon et jardin enivrant d’esthétisme, ouverts au public.
«Sire, nous vous offrons nos vins, nos biscuits et nos coeurs», avait laconiquement déclaré Irénée Ruinart à Charles X. C’était durant le sacre du roi de France à Reims en 1825. Le champagne Ruinart fut la boisson phare de l’événement que ce premier magistrat de la ville, à la tête de la maison éponyme, produisait sur place. Une recette familiale initiée par son aïeul, le moine bénédictin Dom Thierry Ruinart, dont le neveu Nicolas sera le fondateur de l’illustre maison en 1729. Près de trois siècles plus tard, le même accueil royal fut réservé aux invités internationaux. Début octobre 2024, ils étaient venus célébrer le «sacre» du nouveau pavillon baptisé Nicolas Ruinart.
Paradis de la lumière
Il a fallu trois ans de travaux pour la construction de cet ensemble magique – pavillon et jardin – sur la parcelle historique, acquise par Nicolas Ruinart en 1729. Pour ce faire, Frédéric Dufour, le PDG de la maison, a composé une équipe de choc : l’architecte Sou Fujimoto, l’architecte d’intérieur Gwenaël Nicolas et le paysagiste Christophe Gautrand. Rassembler des professionnels reconnus, exempts d’ego démesuré, a été son choix éclairé, aussi stratégique qu’intuitif. Objectif : la création commune d’une oeuvre harmonieuse dans une ambiance paisible. Le résultat est, sans conteste, un franc succès puisque tout y est : suspense, surprise, émerveillement.
Ainsi, le «roman moderne» commence à l’adresse historique 4 rue des Crayères. Pour y pénétrer, il faut passer par un sentier très intrigant. Et pour cause, ses hauts murs blancs à la texture de craie cachent le bout du chemin. Celui-ci s’ouvre sur l’entrée, non principale, d’un pavillon aux allures sobres. Une fausse première impression sciemment induite afin que l’intérieur du pavillon, un véritable puits de lumière et de raffinement, la balaye immédiatement. Ses baies vitrées truffées de bulles, qui sont un clin d’oeil au champagne, encadrent un vaste espace intérieur. Ici, la boutique Ruinart avec ses millésimes exclusifs jouxte le bar où les visiteurs pourront se restaurer 7 jours sur 7 en goûtant les breuvages pétillants de la maison bientôt tricentenaire.
En face de ce pavillon à la façade transparente, se dressent les bâtiments historiques. Les zones autour des deux constructions sont aménagées en jardin où trônent une vingtaine d’oeuvres d’art de plasticiens contemporains. Chacune rend hommage à sa manière à la maison Ruinart, à la nature et à la vigne. Mais pour aller au bout de ses découvertes, il faut descendre… 38 mètres sous terre.
Trésors cachés
Sous ces constructions et le jardin, s’étend un réseau de galeries de 8 kilomètres sur trois niveaux. Il relie entre elles une vingtaine de crayères époustouflantes, creusées entre le Moyen Âge et le XVIIe siècle. La ville de Reims a été construite grâce à la craie et la chaux qui en étaient extraites. Mais en 1877, lorsque Edgar Ruinart acquiert ce terrain, les carrières deviennent des caves à champagne. Une décision liée à la qualité de cet environnement où la stabilité de la température et le taux d’humidité sont idéals pour le vieillissement du vin. Depuis 2015, le site historique a été inscrit par l’UNESCO au patrimoine mondial.
Après tant d’émotions vécues, un repas gastronomique avec des mets cuisinés aux champagnes Ruinart s’impose chez Arbane, le restaurant du grand chef Richard Mille. L’occasion de lever sa coupe pour un 2025 aussi pérenne que l’héritage de la première maison de champagne au monde.
INFORMATIONS PRATIQUES
Libre accès au jardin et au pavillon Nicolas Ruinart (bar by Ruinart, boutique…) de 11h à 23h. Ouvert tous les jours (sauf fermeture annuelle en janvier). Visites des caves à craie, incluant une dégustation de deux cuvées, de 9h30 à 16h45, à partir de 90€.