Comment faire bouger les dépôts d’hydrocarbures
Le magistrat Antonio Hodgers a décidé de créer un comité de pilotage avec les autorités verniolanes pour travailler au devenir des différentes zones où se trouvent encore 119 citernes.

Alors que le quartier de tous les superlatifs, le quartier de l’Etang, est quasiment entièrement achevé et ses surfaces occupées, c’est le moment choisi par le Département genevois du territoire et la Ville de Vernier pour présenter ensemble leur vision stratégique pour cette région. Comme le résume le communiqué conjoint, « la gestion de l’emplacement précis des réserves stratégiques ayant été clarifiée, les autorités cantonales et communales se sont entendues pour mettre en place une nouvelle gouvernance à même de piloter sur la durée le devenir de ce secteur ». Un COPIL (comité de pilotage) a été créé pour « ajuster le périmètre ». Cela nous permettra de donner des droits à bâtir le moment venu et de commencer à négocier avec les pétroliers », à en croire Antonio Hodgers, le conseiller d’Etat genevois. A ce propos, comme l’a très justement résumé Mathias Buschbeck, conseiller administratif Vert et géographe : « Nous travaillons pour 2040, voire 2060 ». En effet, la situation foncière actuelle est connue et n’a rien de réjouissant pour les impatients.
Différents acteurs
Dans le secteur Renfile, soit entre le magasin Ikea et le complexe Blandonnet International Business Center (BIBC), l’Etat de Genève a octroyé un droit distinct permanent (DDP, équivalent à un droit de superficie) dont l’échéance est en juillet 2032, mais avec une clause dans le contrat permettant au superficiaire de prolonger jusqu’en 2062. Ce site comprend 30 citernes.
Dans le secteur Savonnerie, situé entre l’autoroute, le quartier de l’Etang, le garage AMAG Châtelaine et la route de Vernier, il s’agit de cinq parcelles privées, sur lesquelles Varo Energy Tankstorage (détenue par the Carlyle Group et Vitol) et Tamoil disposent d’un DDP se terminant fin avril 2039. Pas moins de 38 citernes y sont disposées.
Juste en dessous de la route de Vernier, incrustée dans le Bois-de-la-Grille, une parcelle appartenant à l’Etat accueille trois citernes. L’exploitant dispose d’un DDP qui devrait s’achever durant l’été 2031. Un peu plus proche du Rhône, sur un terrain plus vaste détenu par la Ville de Genève, on trouve une douzaine de réservoirs. Ce site est exploité par SOCAR. La date d’échéance du DDP n’a pas été communiquée.
Enfin, juste avant d’arriver dans la zone industrielle du Lignon (secteur Voies CFF), on trouve encore 36 citernes. Les parcelles concernées sont en mains de la Ville de Genève. Un des principaux bénéficiaires du DDP est la société OEL-POOL, laquelle appartient à Volare Group qui avait repris les actifs suisses de Shell et de BP. Ce groupe est d’ailleurs aussi actif dans le développement de projets immobiliers. Dans ce périmètre, la fin des DDP varie entre 2044 et 2046.
Feuille de route

La feuille de route décidée par les autorités prévoit dans une première phase qui devrait être achevée cette année : un diagnostic et une analyse spécifique de chaque site. Suivra la phase 2 qui entend identifier des leviers d’actions capables d’enclencher une mutation des sites et leurs faisabilités respectives.
Ce travail doit déboucher sur une image directrice, puis des modifications de zone, l’adoption de plans d’affectation et, enfin, le démantèlement progressif de certaines citernes et la phase de dépollution. « L’objectif est de parvenir à mener ce travail au plus tard d’ici la fin des premiers DDP, soit à l’été 2031 pour le premier. Certes, cela ne va pas être pour demain car il y a une activité économique à respecter. Nous n’avons aucun moyen légal de casser les contrats existants. Tout au plus, nous allons faire comme avec le PAV et négocier avec les sociétés concernées pour tenter de les faire partir plus tôt. »
Mais, comme l’a précisé le magistrat, « le potentiel de logements ne sera sans doute pas très important vu la quantité d’infrastructures de transports dans cette région (autoroute, train, avion, etc.). » Cela étant, le principal avec cette annonce est de présenter publiquement la volonté des pouvoirs publics d’avoir « un regard urbanistique sur ce secteur, avec une gouvernance dédiée et des collaborateurs dédiés ». Dernière précision : d’après Mathias Buschbeck, un tiers des citernes sont directement utiles à l’Aéroport international de Genève.