Ceci n'est pas une salle à manger
A l’occasion de la Semaine du design de Milan 2024, la marque italienne Fornasetti a décidé de transformer la salle à manger en un espace surréaliste. L’atelier milanais a notamment créé un buffet en trompe-l’œil qui dévoile à l’extérieur ce qui n’est pas forcément à l’intérieur.
Fondé dans les années 1940 à Milan par l’artiste Piero Fornasetti, l’atelier qui porte son nom est réputé pour ses meubles et objets aux motifs hautement surréalistes. C’est une rencontre décisive avec Gio Ponti qui a poussé l’artiste à créer des objets du quotidien ornés de décors reconnaissables entre tous. Il a fait ainsi entrer l’art dans toutes les pièces des maisons et des appartements.
En 1956, une première boutique voit le jour sur la via Manzoni à Milan, un lieu magique servant d’écrin aux créations précieuses de Fornasetti. L’un de ses motifs de prédilection est un visage de femme, celui de Lina Cavalieri, une soprano italienne d’une grande beauté (1874-1944) qu’il répète à l’envi sur des assiettes, des consoles, des bancs ou encore des bougies.
A ce jour, l’atelier milanais dirigé par son fils, le designer Barnaba Fornasetti, continue de créer des objets avec ces motifs jouant avec l’illusion et la réalité et floutant le rôle des objets: est-ce un meuble ou une œuvre d’art? Au spectateur de se prononcer… Lors du dernier Salone del Mobile qui s’est tenu en avril à Milan, Fornasetti a présenté des meubles et accessoires ayant pour vocation d’apporter un peu de rêve et de magie dans les salles-à-manger avec ce titre en français dans le texte: «Ceci n’est pas une salle à manger . Clin d’œil au tableau surréaliste de René Magritte: «Ceci n’est pas une pipe».
Une pièce particulièrement en impose: il s’agit du cabinet-bar «Vasi» de forme polyédrique réalisé en bois sérigraphié et laqué à la main. À l’extérieur, il est orné de vases, de verres à vin et de bouteilles en trompe-l’oeil qui donnent une idée précise de sa destination. Les aplats de couleur, obtenus grâce à un long processus de sérigraphie à la main, créent un contraste chromatique qui les fait ressortir de manière impressionnante sur le fond noir ou ivoire.
Mais c’est à l’ouverture que ce meuble déploie ses secrets: un éclairage tamisé dévoile les étagères bordées d’un fil de laiton et révèle l’intérieur des portes elles aussi décorées. Comme le disait Iris Apfel, célèbre décoratrice américaine et icône de la mode disparue en mars dernier: «More is more and less is a bore» (Plus, c’est plus et moins, c’est ennuyeux).