Patrimoine
À la découverte de Genève
Genève fait partie des premières destinations du tourisme moderne où l’on commençait à voyager pour le plaisir. Au cours du XIXe siècle, le jet d’eau, l’hôtel des Bergues, le quai des bateaux à vapeur et de nombreux autres lieux phares ont alors été érigés afin de devenir symboles de la ville. Zoom sur quelques-uns de ces trésors architecturaux genevois dont vous ne connaissez peut-être pas encore (tous) les secrets.
FOCUS SUR L'HYPERCENTRE
Le quartier de Saint-Gervais.
- Le quartier de Saint-Gervais
Cette «vieille-ville du peuple» est celle où l’on circule dans des petites rues étroites qui datent du cadastre moyenâgeux, où les murs ne sont pas toujours droits et où les escaliers en colimaçon ainsi que les cours intérieures sont légion. Il existe tout un réseau de passages et de traverses reliant les immeubles aujourd’hui interdits au public mais que l’on peut entrevoir par exemple depuis la rue Rousseau. On trouve dans ce quartier des bâtisses plus anciennes que dans la vieille-ville de Genève. Jean-Jacques Rousseau y a d’ailleurs habité, d’où la fresque de mosaïque à son effigie que l’on contemple sur le magasin Manor. Se trouve également le temple de Saint-Gervais et ses fouilles où l’on a retrouvé les plus anciens restes humains du canton en sous-sol. En cherchant un peu, vous trouverez également une meurtrière du Moyen-Âge dans l’arrière-salle de la boutique de bande dessinée Cumulus.
- La Tour-de-l'Île à Bel Air
Comme le relatent les récits d’Astérix, c’est ce pont stratégique que Jules César détruisit en 58 avant JC. La Tour-de-l’Île qui fût construite dessus bien plus tard pour se protéger des Savoyards arbore justement une plaque en latin qui décrit cette histoire: le pont était alors d’un côté en territoire romain et de l’autre en Helvétie. C’est pourquoi, afin d’empêcher les Helvètes de les envahir, Jules César brisa le pont avant de le reconstruire pour attaquer son ennemi, ce qui marqua le début de la guerre des Gaules.
- La fontaine de l'escalade
Située à Bel-Air, cette célèbre fontaine est placée là parce que c’est ici que la mère royaume a fait le coup de la marmite. C’était en ce temps un endroit d’attaque stratégique pour les Savoyards qui espéraient ainsi avoir accès au pont de l’Île, au quartier commerçant et à la vieille-ville. On voit sculpté sur la pierre des soldats qui grimpent les échelles, Genève représentée avec la couronne de muraille, les Genevois qui se battent en pyjama, l’échelle brisée par le canon, la herse qui va leur tomber dessus, la mère royaume avec sa soupe mais aussi la mère Piaget qui lance sa clé.
- La place Neuve
Ancienne porte de la ville, lorsque les fortifications ont été détruites en 1850, des lieux culturels ont été construits sur cette place plutôt que religieux comme ce fut le cas ailleurs. Le musée Rath était déjà présent, ont donc été ajoutés le conservatoire et le Grand théâtre. Autre anecdote: le tramway qui va de la place Neuve à Carouge serait le plus ancien encore en service au monde. Avant même l’arrivée de l’électricité, il y a 160 ans, un tramway avec des chevaux parcourait déjà ce tronçon…
Le Mur des Réformateurs, un monument international.
- Le Mur des Réformateurs
Adossé aux anciennes murailles de la Treille, ce monument international de la Réforme est évidemment connu mais peu de gens savent qu’il n’est en réalité par terminé. Les plans originaux prévoyaient encore d’autres figures mais l’inauguration en 1917 tombe pendant la Première Guerre Mondiale. Le sculpteur Landowski (qui est aussi l’auteur du Christ de Rio) a choisi de représenter sur le mur les quatre réformateurs qui étaient présents à Genève. Guillaume Farel à gauche qui a le poing fermé car c’est lui qui donnera l’impulsion pour mener la révolution et la réforme. Il crée la république indépendante, l’église protestante et l’école obligatoire (Genève étant le premier endroit au monde à rendre l’école obligatoire en 1536). À ses côtés, on retrouve Calvin qui avait fait du droit et était donc capable de créer des institutions, Théodore de Bèze (successeur de Calvin) et John Knox, un Écossais qui rédigera la première traduction de la Bible en anglais.
- Le temple de la Fusterie
Actuellement en restauration, ce temple a la particularité d’être le seul bâtiment construit pour être un lieu protestant dans l’âge catholique-protestant. Les autres ayant simplement réutilisé et transformé d’anciennes églises médiévales.
- Une oeuvre d'art sur la place du Rhône
Peut-être n’avez-vous jamais remarqué ce mât métallique au sommet duquel sont placées trois torsades de fer sur la place du Rhône? Ces dernières deviennent des lettres formant les mots «oui» ou «non» selon l’endroit où l’on se place. Cette œuvre est signée par l’artiste bernois Markus Raetz.
Le Monument National du Jardin Anglais.
- Le Monument National du Jardin Anglais
Cette statue sculptée par Robert Dorier, qui trône sur le quai du Général-Guisan, représente l’union entre Genève et la Suisse (les premières alliances datent du XVe siècle mais Genève devient suisse en 1815). À gauche de la sculpture, on peut observer Genève, que l’on reconnaît à sa grande muraille, et à droite Helvetia, reconnaissable car elle est représentée sur les pièces de 1 CHF. La statue se trouve là car c’est le seul endroit du canton où l’on voit le reste de la Suisse.
- Le passage Malbuisson
Ces cours intérieures comme celle du passage des Lions ou celle située derrière le magasin Aeschbach sont typiques de l’architecture du XVIIe siècle. Toutes conservées dans ce quartier des Rues-Basses, elles permettent de découvrir des chef-d’œuvre du fond des âges tel que le carillon mécanique du passage Malbuisson (au-dessus du McDonald’s) qui, toutes les heures, fait défiler une parade d’automates composée de 42 personnages historiques et de 13 chars.
- La place du Molard
Historiquement, la place du Molard avait un lien direct avec le port et accueillait vers le XIIIe siècle les foires où l’on vendait des habits de luxe qui venaient notamment de Toscane. Depuis le XVIIe siècle, on y échange également des montres. En 1850, lorsque l’on détruit les fortifications de la ville, trois portes (Cornavin, Neuve et Rive) menaient vers les quartiers historiques que sont la vieille-ville, Saint-Gervais et les rues basses avec ses commerces de luxe. Sur la Tour du Molard, on remarque une autre trace du passé, avec un bas-relief rappelant que «Genève est la cité du refuge», en l’occurrence des réfugiés protestants. Les pavés de la place du Molard sont, quant à eux, dotés de salutations dans les six langues officielles de l’ONU depuis 2003.
L'horloge fleurie, référence dans le monde.
- L'Horloge Fleurie
Référence dans le monde depuis 1955, ce concept floral composé de plus de 3000 plantes représente non pas l’horlogerie suisse et sa précision mais l’horlogerie genevoise et sa complication (il a plus que deux aiguilles). La trotteuse, qui marque les secondes, mesure 2,5 mètres et serait, sans doute, la plus grande du monde. Les aiguilles actuelles, au design élégant et proche de l’original, ont été fabriquées par la firme Patek Philippe.
FOCUS SUR LA VIEILLE-VILLE
- Le parc des Bastions
Outre les dizaines de statues qui peuplent ce parc arboré, le bâtiment de l’Université mérite d’être cité pour son histoire. Puisqu’autrefois, le titre d’Université n’était obtenu qu’à condition d’avoir au moins une faculté de médecine en son sein, l’académie de Genève n’en crée une qu’en 1859, en même temps qu’elle construit son bâtiment universitaire des Bastions. Elle obtient ainsi le rang d’Université dans la foulée.
- La promenade de la Treille
On y retrouve le plus long banc du monde qui fut installé en 1767 en signe de paix (c’est aussi le seul endroit de la ville qui est à l’abri de la bise avec une vue imprenable sur la rive Gauche de Genève). Sur cette promenade, se tient en outre «le marronnier officiel», un arbre qui a la charge d’annoncer officiellement le printemps depuis 1808. Ce dernier est planté juste devant la tour Baudet qui est le siège de la république et canton de Genève depuis 1535. À noter que Genève n’est pas la plus ancienne république existante au monde mais la deuxième car il y a encore Saint-Marin, pays membre de l’ONU qui est enclavé en Italie.
L'hôtel de Ville.
- L’hôtel de Ville
Dans cette enceinte, on constate une rampe pavée de petits cailloux ronds dont l’utilité reste encore mystérieuse. L’une des thèses les plus communes est qu’elle servait aux mules d’antan pour qu’elles puissent monter le vin aux différents étages pour le gouvernement en place. Autre fait remarquable: la salle de l’Alabama qui porte le nom d’un bateau dont on voit la maquette à travers la fenêtre, un navire militaire construit en Grande-Bretagne pour aider les sudistes pendant la guerre de Sécession. Quand les nordistes ont remporté la victoire, ils se sont retournés contre la Grande-Bretagne et lui ont demandé de l’argent en compensation. Une séance de conciliation s’est donc tenue dans cette salle où une convention a été signée, actant une alliance militaire toujours en vigueur et plaçant Genève comme lieu où l’on discute de paix. C’est dans cette même salle qu’ont été signés les conventions de Genève.
- L’ancien arsenal
Construit initialement pour être un grenier en hauteur afin que les rats ne puissent pas monter manger les grains, ce lieu abrite désormais les archives de l’État à l’étage. En-dessous siègent des canons datant du XVIIIe siècle. Derrière eux, sur le mur, trois mosaïques rappellent les trois étapes de l’histoire de Genève: Jules César qui détruisit le pont et le reconstruisit, le Moyen-âge avec le commerce de luxe, et enfin l’arrivée des réfugiés protestants.
- La maison Tavel
Une des particularités de la maison Tavel réside dans des visages sculptés sur la façade qui n’ont pas leur pareil. Il s’agit du seul exemple de visages de ce type dans le monde illustrant cette époque. Si aucune explication n’a encore été trouvée, on sait néanmoins de quand ils datent (le XIIIe siècle), faisant de cette maison l’un des plus anciens bâtiments de Genève avec les divers lieux religieux.
La cathédrale Saint-Pierre.
- La Cathédrale Saint-Pierre
Un roman pourrait être écrit sur ce lieu mais ce qu’il faut retenir c’est que la partie principale date du milieu du Moyen-âge (XIIe siècle). Plusieurs parties ont ensuite été ajoutées telles que la chapelle des Macchabées (XVe siècle), l’entrée (seule partie non gothique, datant du XVIIIe siècle), la tour blanche (reconstruite au XIXe siècle) et puis la flèche de style néo-gothique. Vue de l’extérieur, la Cathédrale ressemble à un véritable puzzle mais une fois en son sein, toute la partie principale est unifiée (datant de 1150-1250). Construite sur une place religieuse depuis toujours, où il y avait déjà une cathédrale (dès le début du christianisme), auparavant un temple romain et encore précédemment un temple celtique, on continue d’appeler ce lieu «Cathédrale Saint-Pierre» bien que depuis la réforme ce n’en soit plus une (qui n’est plus dédiée à Saint-Pierre par ailleurs).
- L’auditoire Calvin
Située à côté de la Cathédrale, cette chapelle médiévale fait partie des rares que les protestants ne détruisirent pas à l’époque. Celle-ci a notamment servi pour les communautés qui parlaient d’autres langues que le français, ce qui est encore le cas aujourd’hui puisque les cultes y sont donnés en anglais et en italien.
- La place du Bourg-de-Four
Emblématique avec ses bâtiments anciens, biscornus avec des fenêtres à meneaux (fenêtres avec des espèces de colonnes au centre), six rues débouchent sur ce coeur central de la vieille-ville, dont le nom est controversé par rapport à son origine. On y trouve le passage des Degrés-de-Poules, construit en 1554, qui mène directement à la Cathédrale Saint-Pierre.
- L’église luthérienne de Genève
Pendant longtemps, les luthériens ont été interdits à Genève mais les protestants les ont finalement acceptés à condition que leur église ne se voit pas de l’extérieur. Le bâtiment de la place du Bourg-de-Four n’est donc pas une simple maison transformée en église luthérienne mais bel et bien un édifice religieux depuis son premier jour, sans étage, avec une seule grande salle et des vitraux en lieu et place des fenêtres.
Les vestiges du parking Saint-Antoine.
- Les vestiges du parking Saint-Antoine
En allant garer votre voiture, vous tomberez sur des pans de muraille du XVIe siècle qui ont été découverts et mis à nu lors de la construction de ce parking qui a depuis reçu deux fois l’Awards du plus beau parking d’Europe grâce à cela.
- La rue des Belles-Filles
À l’image de la rue du «cul-de-sac du Vieux-Bordel», ce quartier dédié aux hommes qui aimaient aller voir les jeunes femmes a dû être débaptisé sur demande de ses habitants au fil du temps. La rue des Belles-Filles (renommée rue Etienne Dumont) ayant mis mal à l’aise entre autres Amiel (qui a écrit le plus long texte au monde dans toute l’histoire de l’humanité, soit 17’000 pages) qui n’osait pas donner son adresse à ses correspondants.
- Le Collège Calvin
Construit en 1559, du vivant de Calvin, et ayant servi tant pour l’instruction obligatoire qu’à l’Académie, ce Collège n’a quasiment pas changé. Notamment ses poutres qui sont restées identiques depuis le XVIe siècle. Aventurez-vous derrière ce bâtiment, vous tomberez sur un passage qui aurait inspiré l’autrice de Frankenstein…
Une balade réalisée avec le guide Cyrille Wohlschlag